CONGRÈS : 5ème GÉNÉRATION.

Reuters - Jeudi 11 octobre,


Les enfants s'étaient retournés contre leurs parents,
les étudiants avaient dénoncé leurs professeurs et le
président Mao Zedong avait proclamé :
"on a raison de se rebeller".

La Révolution culturelle, qui débuta en 1966, fut une
expérience dure, voire terrifiante, pour bon nombre de Chinois.

Cette période plus qu'agitée servit d'arrière-plan
socio-politique aux années de formation de ceux qui,
aujourd'hui, sont les étoiles montantes de la scène
politique chinoise: Li Kegiang, LiYuanchao et XiJinping,
qui traversèrent le chaos de la Révolution culturelle voire
furent envoyés dans les campagnes pour apprendre
auprès des masses populaires.

Ces étoiles montantes appartiennent aujourd'hui à un groupe que l'on présente par commodité comme la "cinquième génération" de dirigeants communistes, après celles de Mao, de Deng Xiaoping, de Jiang Zemin et

C'est cette cinquième génération-là qui pourrait bien être promue lors du XVIIe Congrès du PCC, qui s'ouvre lundi.
Les observateurs guetteront tout particulièrement les nominations éventuelles au bureau politique de membres de cette génération, susceptible d'accéder au pouvoir suprême à l'horizon 2012, au moment du XVIIIe congrès, lorsque Hu, qui a aujourd'hui 65 ans, sera en âge de quitter la scène politique.

Bénéficiant d'une solide éducation, moins idéologique et plus ouverte au monde que les précédentes, cette génération, qui n'a connu la Chine que sous la domination du Parti communiste, pourrait un jour être amenée à esquisser une démocratisation de la vie politique, estiment certains analystes.

Des promotions se profilent pour certains membres de cette génération - cadres du début de la cinquantaine en poste dans les provinces ou dans les ministères et qui ont tous en commun d'être nés après 1949, année de la fondation de la République populaire de Chine.

"Ils veulent tous des réformes, une certaine transparence. Ils vont s'efforcer de renforcer l'Etat de droit", pense Zhiyue Bo, sinologue établi à New York.

PLUTÔT UNE " GÉNÉRATION 4,5 " ?

Selon lui, "l'expérience de la Révolution culturelle est utile dans le sens où elle les aide à comprendre la réalité de la Chine, à savoir que c'est un pays pauvre".

"C'est un fait exceptionnel qu'ils aient connu des changements aussi radicaux et dramatiques durant leurs années de formation", estime Cheng Li, autre spécialiste de la Chine qui travaille pour l'Institution Brookings à Washington. "Si vous passez 10 ans à l'écart de Pékin, de Shanghai ou de Tianjin, dans une région reculée, cela a des retombées très fortes sur votre conception du monde, sur votre comportement, sur vos aptitudes", ajoute-t-il.

Le fait qu'ils appartiennent à une même génération ne signifie pas nécessairement qu'ils ont une large convergence de vues sur l'avenir de la Chine.
Selon Rana Mitter, maître de conférences en politique chinoise à l'université d'Oxford, on peut discerner dans la cinquième génération deux groupes, qui ont deux expériences distinctes.
Ceux qui sont plus particulièrement proches de Hu Jintao ont pu affiner leurs aptitudes dans les campagnes vastes et pauvres du pays, et comprennent de ce fait l'importance d'oeuvrer à une meilleure répartition du développement.
L'autre groupe, plus proche de Jiang Zemin, prédécesseur de Hu, tire plutôt son expérience des régions côtières, qui connaissent depuis des années un développement remarquable, et de Shanghai, capitale financière de la Chine.
Certains sinologues relativisent et estiment qu'il ne faut pas attendre trop de cette cinquième génération.
Ils font remarquer à cet égard que la différence d'âge entre elle et la génération de Hu n'est pas très grande et qu'il vaudrait mieux parler d'une "génération 4,5".

"Même s'ils ont gravi les échelons de la réussite à des vitesses différentes, leurs expériences politiques sont très proches", relève Bo.
"En termes d'idées politiques, ils partagent probablement beaucoup de choses et je pense qu'ils suivront la même voie (que les dirigeants actuels) en termes de réformes économiques et politiques", ajoute-t-il.